Chroniques d'experts

Photo : © Mario Francoeur

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Une chenille au bout du fil

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Vous avez remarqué ces petites chenilles dans les forêts? Voici quelques faits et observations du chef du Service de la conservation des Amis, Antonin St-Jean.
Vous avez remarqué ces petites chenilles dans les forêts? Voici quelques faits et observations du chef du Service de la conservation des Amis, Antonin St-Jean.
 
Comme vous avez été plusieurs à le remarquer dans les dernières semaines, l'on observe un phénomène surprenant dans les boisés de la région montréalaise, notamment au mont Royal. Des milliers de petites chenilles velues sont suspendues au bout de fils de soie, ou se nourrissent dans la canopée. Il s'agit des chenilles de l'espèce Bombyx Disparate (Lymantria dispar), une espèce exotique provenant d'Eurasie aussi connue sous le nom de Spongieuse. Pour plus d'information, regardez cette fiche détaillée sur le site de notre partenaire, Espace pour la Vie :

Comme dans le cas de la fameuse livrée des forêts (Malacosoma disstria) une espèce indigène aussi appelée chenille à tente, son envahissement est cyclique, augmentant et diminuant au fil des années. Ces cycles permettent à la forêt et aux chenilles de maintenir un équilibre et de survivre sur le long terme. Cependant, puisqu'il s'agît d'une espèce exotique, il reste encore beaucoup à apprendre sur les fluctuations de populations en Amérique du Nord, notamment dans un contexte de changements climatiques. Les hivers souvent plus doux qu'auparavant peuvent en effet permettre la survie d'un plus grand nombre d'oeufs, ce qui mène l'année suivante à un taux d'infestation plus élevé. 

                                                         

Nous avions observé, sur le terrain, des milliers de masses d'œufs brunâtres sur les arbres à la fin de l'été dernier, couvertes par les femelles mortes en place. Dans le contexte d'un milieu forestier comme le mont Royal, il n'y a malheureusement pas d'action à entreprendre pour le moment, mis à part le suivi de la dégradation engendrée et le suivi ciblé de la reproduction dans certains secteurs du parc. Lorsque ce phénomène survient ponctuellement, les conséquences sont surtout esthétiques et il ne nuit habituellement pas aux arbres qui ont de bonnes conditions de croissance. Toutefois, si la situation se présente plusieurs années de suite, certaines essences pourraient être affectées très sérieusement, voire mourir. Généralement, les arbres affectés produiront une seconde feuillaison au cours de l'été. Sur le mont Royal, les dommages sont tout de même conséquents, notamment dans le secteur du Sommet et de l'Escarpement où certains arbres présentent un taux de défoliation de 20-30%. Notre équipe surveille la situation de près et continue de veiller sur le bien-être de cette précieuse forêt.

Antonin St-Jean, Chef, Service de la conservation


Photo : Insectarium de Montréal (Maxim Larrivée)
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